Débat présidentiel sur la santé : encore un effort

La santé est rentrée enfin de plein pied dans le débat politique. C’est un premier pas considérable, tant elle a brillé pendant longtemps par son absence, sur la base d’un consensus, de fait, qui s’est établi, réformes après réformes, entre les deux majorités de gouvernement. C’est sans doute la raison pour laquelle les Français sont restés longtemps convaincus que notre système de santé, « que le monde nous envie » était sans faille. Pourtant, indépendamment des données chiffrées et des comparaisons internationales, chacun d’entre nous a pu vivre, à un moment ou une autre, pour soi-même ou ses proches, des déficiences de notre système de santé. Déserts médicaux, pénurie de généralistes ou de spécialistes, urgences encombrées délais d’attente aux consultations, redondances d’examens …. La liste est longue de ces constats que l’on partage en famille ou entre amis. Plus silencieuse, mais aussi bien réelle, la montée des inégalités de santé et du renoncement aux soins, pour près de 15% de la population française.

77% des Français considèrent la santé comme un critère de choix déterminant lors de l’élection présidentielle[1]. Cette nouvelle donne n’a pas échappé aux candidats et à leurs équipes de campagne. Mais elle met en difficulté le plus grand nombre d’entre eux. Pour beaucoup le sujet est neuf, tant il a été peu débattu jusqu’à présent. Et chacun de se positionner sur quelques propositions phares en s’efforçant de se démarquer du voisin. La santé des Français mérite mieux et nous gagnerions beaucoup à ce que s’établisse, à l’occasion de la campagne, un véritable débat de fond, qui éclaire les électeurs et leur permettre de faire leur choix en connaissance de cause. Car, en tant que citoyen, nous avons aussi besoin de comprendre individuellement et collectivement sur ce qui est en jeu.  C’est déterminant pour notre avenir, toutes générations confondues. Devenir de l’Assurance Maladie, rôle des mutuelles, place des médecins généralistes, effectifs hospitaliers…. si tous ces points sont importants, les aborder de prime abord et défendre telle ou telle option n’est pas le meilleur angle d’attaque.

Nous devons passer d’une logique de programme à une logique de sens. Vers quoi devons-nous aller, au regard de quel diagnostic d’ensemble ? Ce diagnostic, peu de candidats l’ont porté jusqu’à présent.  Nous sommes confrontés au triple défi du vieillissement, de l’allongement de la durée de vie et de la progression des maladies chroniques. Notre système de santé construit sur une logique curative doit s’inscrire désormais dans une approche préventive, mais rien de significatif n’a été fait jusqu’à présent pour s’engager dans cette voie. Dans la bonne moyenne des pays européens, nous consacrons plus de 11% du PIB à nos dépenses de santé. Mais la soutenabilité de ces dépenses devient problématique. Leur croissance naturelle est de 4% par an, là où nos contraintes budgétaires devraient la contenir à 2%.

Après la distribution, la santé est le secteur qui devrait être le plus impacté par la révolution numérique.

C’est donc à un véritable changement de paradigme auquel nous avons à faire, dont la gestion de la transition sera déterminante. Cela suppose d’en anticiper les conséquences et de préparer la France et les Français à la vivre. La dimension politique est déterminante et son appropriation par les candidats est donc majeure, car les enjeux vont bien au-delà de la dimension de la seule dimension du système de santé, tel qu’on l’entend traditionnellement.  Cela touche aussi à notre souveraineté et à notre avenir économique.

Roland MICHEL

[1] sondage   Harris Interactive – 12-12-2016

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