Repenser l’accès aux soins en privilégiant la proximité, n’est plus une utopie. Le très sérieux Haut Conseil de l’Avenir de l’Assurance Maladie vient de jeter un pavé dans la mare, en évoquant la possibilité de créer des centres de santé communautaires, faux-jumeaux des hôpitaux de proximité de jadis.
Repenser l’accès aux soins en privilégiant la proximité, n’est plus une utopie. Le très sérieux Haut Conseil de l’Avenir de l’Assurance Maladie vient de jeter un pavé dans la mare, en évoquant la possibilité de créer des centres de santé communautaires, faux-jumeaux des hôpitaux de proximité de jadis. Depuis plusieurs mois, le malaise qui a saisi l’hôpital et tout particulièrement les maisons de retraites, qui se sont révoltées au travers de plusieurs grèves et manifestations, pourrait se traduire par un changement de politique de santé, que ce rapport vient d’évoquer. Rupture ou continuité ? le voile sur la future réforme sera peut-être levé au congrès de la Mutualité Française, où interviendra le Président Emmanuel Macron le 13 juin, à Montpellier. Le suivi des maladies chroniques, la complexité des poly-pathologies liées au vieillissement, font que c’est toute la chaine de l’organisation des soins qui est à repenser. L’exercice isolé du médecin généraliste n’est plus tenable. Les nouvelles générations, bien conscientes de la charge de travail écrasante, s’en détournent, entrainant des concentrations inégales de professionnels et des manques criants par endroits. Des solutions de suivi et de traitement, avec des équipes coordonnées et des nouvelles technologies, déjà expérimentées font leur preuve. C’est le cas par exemple du projet ACRONIM, au CHU de Bordeaux avec le Pr Jean-Luc Pellegrin, qui permet le suivi des maladies inflammatoires à domicile ; d’E-DOM santé, suivi du cancer du sein du Pr Nathalie Quénel-Tueux ; de Télé AVC, suivi des AVC par télémédecine du Dr François Rouanet ; de Télémédecine en EHPAD, suivi et traitement des plaies et escarres du Pr Nathalie Salles ou encore du suivi de l’apnée de sommeil du Dr Marc Sapene et bien d’autres encore. Grâce aux nouvelles technologies, et à des professionnels de santé formés à ces nouveautés, on peut tout à fait intervenir avec des soins à très haute valeur ajoutée, au plus près des patients, dans leur milieu de vie, sans les déraciner, ni les obliger à des trajets couteux, des attentes fatigantes, des éloignements toujours angoissants. Les pharmaciens ne sont pas en reste. Le Dr Antoine Prioux a lancé le projet MILLESOINS sur le plateau des Millevaches, qui coordonne les professionnels en proximité et améliore le suivi thérapeutique.
Ces pionniers des nouvelles technologies sont aussi de grands humanistes, ils ouvrent la voie à un nouveau paradigme de la santé,celui de la santé de proximité et des soins à domicile de haute qualité. Ces centres de santé communautaires sont appelés en Espagne, des centres de première attention. L’attention portée aux personnes est impossible à qualifier et encore moins à quantifier. Pourtant elle participe à la qualité d’un système de soin et de santé, c’est elle qui en fait son humanité. Dans la recherche de toujours plus de soins ambulatoires, donc de soins moins couteux, les centres de santé communautaires sont des relais indispensables pour réussir cette transformation. Ils fédèrent les professionnels et décloisonnent le libéral et le public, le sanitaire et le médico-social, l’hôpital et le domicile. Sa petite taille – pour des territoires de 30000 à 100000 habitants – rend plus facile l’harmonisation des systèmes d’informations. Cette harmonisation, rendue possible avec de nouvelles plateformes, est essentielle pour réduire les zones aveugles créées par l’organisation traditionnelle en silo, source de perte de chance pour le patient. Ces centres s’en trouveraient beaucoup plus adaptés à la promotion et à la prévention de la santé tout en étant assistés des nouvelles technologies et reliés aux centres experts hospitaliers. Les esprits sont désormais mûrs pour changer de paradigme. En Nouvelle Aquitaine, L’Agence Régionale de la Santé, comme le CHU, ne s’y sont pas trompés, en encourageant et finançant en grande partie ces projets. Le Conseil Régional aussi, qui mets des fonds européens FEDER sur les projets de télémédecine.
Le journal Sud-Ouest,en créant la plus grande manifestation sur les Innovations et Mutations en Santé sur le Territoire, le Forum Santé et Avenir, donne la parole à tous ces pionniers et aux patients au travers d’une ligne éditoriale dédiée. Une médiation de proximité utile à la traduction de la complexité du monde médical.Pour cela, le journal s’est doté d’un conseil scientifique qui a validé de travailler à la co-construction de la vision de la santé à l’horizon 2030 en 2018 et 2019. Celle-ci porte deux grandes ambitions, réussir la transformation de l’accès aux soins et à la santé dans les territoires, et agir sur les déterminants de santé, au premier rang desquels figure l’alimentation du futur. Ce futur se pense maintenant, c’est tout l’enjeu des annonces qui se feront à la Mutualité Française par Emmanuel Macron, et celui, ancré dans les réalités du territoire, des débats des 21 ateliers et 4 conférences de la seconde édition du Forum Santé et Avenir de Sud-Ouest des 7 et 8 février 2019. De beaux échanges en perspectives qui ne manqueront pas de dire si les soins de proximité sont une nécessité ou une utopie !
Solange Ménival,
Présidente du conseil scientifique de Sud-Ouest
Présidente du Think tank Stratégie Innovations santé
http://strategie-innovations-sante.com
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